REGARDS SUR
"COLONISATIONS / DÉCOLONISATIONS."
Sous les angles très différents du témoignage et de l’enquête, du portrait et de l’analyse, ou encore des traces directes et des archives, le volet REGARDS SUR vous propose cette année une sélection de films revenant sur des processus de colonisation et de décolonisation et sur certains mécanismes de colonisation contemporaine.
Quelques films articulent l’histoire individuelle à l’histoire collective, comme Colette et Justin qui décrypte un héritage familial traversé par l’histoire, au Congo, ou encore Kateb Yacine et Andi Marie-Claude Tjibaou. Ces deux derniers dessinent un portrait, une trajectoire de vie, de résistance et de lutte dans la colonisation et la décolonisation, algériennes pour l’un, calédoniennes pour l’autre.
D’autres films plongent le spectateur dans les traces directes de la colonisation : Jean Rouch, avec Les Maîtres fous, nous immerge, caméra à l’épaule, dans un rituel de possession aux vertus d’exutoire à la domination coloniale, tandis que le réalisateur de First contact nous montre des images d’archives du premier contact avec les Papous et nous renvoie le regard qu’ils portent eux-mêmes sur ces images, 50 ans plus tard.
Enfin, deux films viennent souligner deux formes très différentes de colonistaion contemporaine - en conscience ou non - que les peuples tentent de surmonter. D'une part, celle, tragique, des essais nucléaires.et leurs conséquences persistantes dans Ma’Ohi Nui (Polynésie Française) et d'autre part, dans Cannibal Tours (Nouvelle-Guinée), celle, en apparence banale, d’un cannibalisme touristique se déployant dans l’illusion d’une exploration authentique et d’un écotourisme respectueux de l’autre.
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Mercredi 26 novembre - 18h
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- KATEB YACINE, LE REBELLE AMOUREUX
de Joseph LECOQ [1995 - 45 min]
Né à Constantine en 1929, ayant longtemps vécu en France et en Europe, poète, romancier et dramaturge, Kateb Yacine est l’un des auteurs maghrébins les plus connus. Dans ce film, les images qu’il mêle comme dans un jeu de cartes donnent les clés de son cheminement. Représentant de l'Algérie, il en cherche la mémoire dans son histoire pour que renaisse Nedjma, symbole de la femme, de la patrie, la clé de l’œuvre, de l’écrivain et fil conducteur du film.
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Mercredi 26 novembre - 20h45
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- MA'OHI NUI AU CŒUR DE L'OCÉAN MON PAYS
d'Annick GHIJELINGS [2017 - 112 min]
En présence de la réalisatrice
Entre la piste de l’aéroport international et une petite colline de terre, s’étend le "quartier" du Flamboyant (bidonville), en marge de Papeete. Là se montre un autre visage d’une colonisation contemporaine née des trente années d’essais nucléaires français en Polynésie.
Saisissant d’abord une atmosphère, le film confronte l’esprit Ma’ohi à son histoire nucléaire et à son présent fracturé. De cette confrontation se dégage l’élan vital d’un peuple qui, par delà la destruction sous tous ses aspects d’une société soumise au "colonialisme nucléaire", tente de ne pas s’oublier et cherche silencieusement le chemin de l’indépendance.
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Jeudi 27 novembre - 20h45
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- COLETTE ET JUSTIN. UNE HISTOIRE CONGOLAISE
d'Alain KASSANDA [2023 - 88 min]
Déterminé à comprendre l’héritage colonial dont il est issu, Alain Kassanda né à Kinshasa, retrace son histoire familiale traversée par celle de la colonisation belge au Congo puis de l’indépendance du pays et de la décolonisation. Un film dans lequel il réussit à croiser le récit de ses grands-parents, sa résonance avec les archives des grands événements politique du pays.
Une réflexion personnelle, politique, poétique et intime sur les conséquences destructrices du colonialisme sur plusieurs générations. "Ce film interroge le double regard de la colonisation puis de l’immigration du point de vue de ceux qui l’ont vécu et qui en ont hérité."
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Vendredi 28 novembre - 16h
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- FIRST CONTACT
de Robin ANDERSON et de Bob CONNOLLY [1982 - 52 min]
En 1930, trois chercheurs d'or australiens découvrent et filment en Nouvelle-Guinée une population papoue jusqu'alors ignorée du reste du monde : les Ganiga. Cinquante ans plus tard, Bob Connolly et Robin Anderson retrouvent la tribu et montrent aux Papous le film de ce premier contact.
Le film a remporté le Grand Prix au festival Cinéma du Réel en 1983.
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Dimanche 30 décembre - 10h (Séance 2 films)
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- LES MAÎTRES FOUS
de Jean ROUCH [1955 - 29 min]
Jean Rouch en 1955 filme au Niger une pratique rituelle des Haoukas, immigrés du Ghana. Dans ce rituel, les participants incarnent dans leur transe les figures de la colonisation, ils se font "gouverneur", "locomotive" etc … et sacrifient des animaux.
Le réalisateur dira que "ce jeu violent n’est que le reflet de notre civilisation".
Comme à son habitude, Jean Rouch filme caméra à l'épaule, s'immergeant totalement dans la réalité qu'il décrit et interagit avec elle.
Ce film qui bouleverse le récit ethnographique, fut interdit au Niger, puis au Ghana par les administrations française et britannique
- CANNIBAL TOURS
de Dennis O'ROURKE [1988 - 67 min]
Cent ans après la découverte par une expédition allemande de ce peuple dit "cannibal" en Nouvelle Guinée, le réalisateur suit le voyage de ces touristes venus du bout du monde à la recherche de l’Autre par excellence : le sauvage, le primitif, le cannibale.
Ce film explore l’imaginaire occidental et présente le tourisme comme une nouvelle forme de colonialisme, ou son prolongement avec cette fois pour simples armes : l’appareil photo et l’argent.
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Dimanche 30 novembre - 18h
Cinéma LES CINÉASTES, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans.
- ANDI MARIE-CLAUDE TJIBAOU
d'Emmanuel THUAY TJIBAOU et Dorothée TROMPARENT [2022 - 75 min]
En présence de Dorothée TROMPARENT
En Nouvelle-Calédonie, Marie-Claude Tjibaou est une autorité incontestée : veuve du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, fondatrice et présidente du Centre culturel Tjibaou, aujourd’hui membre du Comité des Sages. Une vie hors normes qui se confond avec l’histoire de son pays. Mais qui est-elle réellement ?
Dans les pas de son fils Emmanuel, ce film nous emmène à la découverte d’Andi (son nom coutumier en langue païci) et d’une Marie-Claude Tjibaou touchante, secrète et forte. Un portait intime et universel à la fois. Le portrait d’une femme debout qui, malgré les épreuves, n’a jamais renoncé.
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